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Photo du rédacteurNicolas Citti

Les 100 jours : Matignon signe l'armistice ?

L'Édito "Compétences" - semaine du 03 juillet 2023


Alors qu’Emmanuel Macron avait fixé un délai de cent jours au mois d’avril pour "apaiser" le climat social du pays à l’issue de la séquence houleuse des retraites, Elisabeth Borne a tenté de dresser un bilan de cette séquence dans une interview accordée au Parisien. Pour autant, son avenir à Matignon s’écrit toujours en pointillé à la veille d’un remaniement qui se fait toujours attendre. Quant à Emmanuel Macron, il se fait désirer et n’honorera pas cette année la traditionnelle interview du 14 juillet.


Alors que les principales organisations patronales et syndicales viennent de renouveler leur État-major, le MEDEF ayant fermé la marche, Élisabeth Borne les a reçus cette semaine à Matignon lors d’une rencontre visant à relancer le dialogue social.


Après les retraités, la priorité est donnée aux travailleurs.

Parmi les grandes priorités énoncées figurent l'emploi des seniors, le compte épargne temps universel, les parcours professionnels, l'usure au travail et les reconversions. Elisabeth Borne s’est également engagée à prendre des mesures ambitieuses pour améliorer la qualité de vie au travail et favoriser l'épanouissement professionnel. Après les retraités, la priorité est donnée aux travailleurs. Du côté des partenaires sociaux, ces derniers se sont accordés sur un agenda commun dont ils auront vocation à discuter tout au long du second semestre. À ce stade, on parlera davantage de “consensus modéré” puisque les organisations syndicales et patronales ont exprimé leurs désaccords quant à l’articulation des différentes thématiques inscrites à l’ordre du jour. La CFE-CGC, représentée par son Président, ​​François Hommeril, plaide pour que les trois sujets, à savoir les parcours professionnels, la prévention de l’usure au travail et l'accompagnement des reconversions professionnelles, ne soient pas traités dans le même panier. À l’inverse, Cyril Chabanier de la CFTC souhaite plutôt que ces négociations se déroulent simultanément. Des discussions bilatérales se tiendront à partir de la fin août pour trouver un terrain d'entente sur la méthode, et les négociations devront débuter au début de l'automne. La reprise du dialogue social est perçue comme un tournant important après des mois de tensions avec les organisations syndicales autour de la réforme des retraites.


A la question suivante - À quelles personnalités politiques les Français font-ils confiance pour régler la situation actuelle suite aux émeutes ?” - 32% des sondés affirment ne faire confiance à aucune des personnalités citées pour apaiser les tensions.

Si le dialogue social retrouve des couleurs, la France cicatrise peu à peu des émeutes qui ont secoué le pays à la suite du décès du jeune Naël, tué par un policier suite à un refus d’obtempérer. Devons-nous craindre une France qui se droitise ? C’est en tout cas ce que laisse entendre un sondage Opinion Way publié ce jeudi 6 juillet. A la question suivante - À quelles personnalités politiques les Français font-ils confiance pour régler la situation actuelle suite aux émeutes ?” - 32% des sondés affirment ne faire confiance à aucune des personnalités citées pour apaiser les tensions. Marine Le Pen arrive en deuxième position puisque 27% des sondés lui feraient confiance. Cette séquence profiterait-elle au Rassemblement national ? En tout état de cause, le parti d’extrême-droite s’attache à la même discrétion pour tenter d’asseoir sa respectabilité.


Au Parlement, la majorité présidentielle se retrouve fragilisée. En effet, les députés Boris Vallaud et Arthur Delaporte ont demandé hier à la présidente de la commission des Affaires sociales de saisir le déontologue de l’Assemblée nationale alors que Marc Ferracci, proche d’Emmanuel Macron, venait d’être nommé rapporteur du projet de loi Plein Emploi à l’Assemblée nationale. Et pour cause, une enquête du média d’investigation Blast laisse supposer l’existence d’un potentiel conflit d'intérêt avec les activités de son père.


Alors que le gouvernement a enclenché la procédure accélérée sur le projet de loi plein-emploi, qui vient d’être adopté au Sénat, la deuxième manche à l’Assemblée s’annonce mouvementée.


Par Alexandra Gaboriau, consultante chez Chefcab

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