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  • Photo du rédacteurNicolas Citti

L'Édito "Compétences" - semaine du 26 juin 2023

Marseille en grand, saison 2 :

Emmanuel Macron de retour sur le Vieux-Port


Deux ans après le lancement du plan Marseille en grand, visant à soutenir la deuxième ville de France aux prises à d’importantes difficultés économiques et sociales, le chef de l’Etat était de retour cette semaine dans la cité Phocéenne. L’occasion pour Emmanuel Macron de mesurer les premiers effets du plan financé par l’Etat à hauteur de 5 milliards d’euros, et de faire de nouvelles annonces dans sa “ville de cœur”, censée constituer un laboratoire d’innovation pour le déploiement de politiques publiques nationales.


Alors que les rumeurs de remaniement vont bon train, Emmanuel Macron s’est affiché au-dessus de la mêlée, tout en réitérant un soutien timide à Elisabeth Borne

Entouré d’une partie du gouvernement, le Président a voulu se remettre au devant de la scène, notamment dans le cadre de discussions avec des habitants façon “grand débat”, à l’image de ceux organisés en 2019 au sortir de la crise des gilets jaunes. Alors que les rumeurs de remaniement vont bon train, Emmanuel Macron s’est affiché au-dessus de la mêlée, tout en réitérant un soutien timide à Elisabeth Borne, indiquant qu’elle avait sa “confiance, puisqu’elle est à la tête du gouvernement”. Le restera-t-elle encore longtemps ? Au moins jusqu’à la mi-juillet selon le Président, qui lui demande de présenter au début du mois prochain la “nouvelle stratégie de finances publiques, les avancées sur l'immigration et la planification écologique.”


(..) le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture progressive des collèges de 8 heures à 18 heures en Réseaux d'Éducation Prioritaires (REP et REP+), et l’accès à la maternelle dès 2 ans.

Au menu des annonces marseillaises, le déploiement de moyens supplémentaires en matière de sécurité - notamment pour amplifier la lutte contre les trafics de drogue - mais aussi dans le domaine des transports et du logement. Emmanuel Macron a également exprimé des idées neuves dans le champ de l’éducation. A ce titre, le chef de l’Etat a annoncé l’ouverture progressive des collèges de 8 heures à 18 heures en Réseaux d'Éducation Prioritaires (REP et REP+), et l’accès à la maternelle dès 2 ans. Ces mesures, qui seront expérimentées en premier lieu à Marseille, ont vocation à être ensuite généralisées à l’ensemble des quartiers prioritaires en France d’ici à 2027. Selon le Président de la République, elles doivent permettre de lutter contre “l’inégalité scolaire” en offrant un accueil plus large et un encadrement resserré aux élèves. Une autre annonce du Président a fait grand bruit, celle de la possibilité de “rouvrir le débat” sur le temps scolaire dans l’année. Plus concrètement, il s’agirait de réduire les vacances scolaires estivales, jugées trop longues, notamment pour les enfants issus de milieux défavorisés ayant “déjà des familles en difficulté” et “peu d’infrastructures sportives”. Alors que son ministre de l’Éducation - sur la sellette en vue d’un éventuel remaniement - n’était visiblement pas au courant de ce projet, Emmanuel Macron a fait bondir les syndicats enseignants, ces derniers insistant plutôt sur la nécessité de renforcer l’éducation populaire pendant les vacances.


(..) Emmanuel Macron a répondu du tac au tac “Je vous promets : je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu’il y a dix offres d’emploi”.

Ce séjour marseillais a également été l’occasion pour le chef de l’Etat de renouer avec les petites phrases, dont l’histoire a montré qu’elles peuvent lui coller à la peau. Ainsi, face à une habitante qui lui exprimait la difficulté rencontrée par son fils au RSA à trouver un emploi, Emmanuel Macron a répondu du tac au tac “Je vous promets : je fais le tour du Vieux-Port ce soir avec vous, je suis sûr qu’il y a dix offres d’emploi”. Les oppositions se sont empressées de dénoncer le mépris du Président, dans la lignée de sa première saillie sur la prétendue simplicité de trouver un emploi en traversant la rue. Néanmoins, le journal local La Provence qui a pris les propos du Président au pied de la lettre a constaté que non pas 10, mais 13 offres d’emploi étaient à pourvoir sur le Vieux-Port. Les offres en question ne sont peut-être pas adaptées aux compétences de la personne ayant interpellé le Président, et ne constituent pas une garantie d’embauche, mais elles mettent au jour les difficultés de recrutement rencontrées par de nombreux secteurs d’activité, au premier rang desquels l’hôtellerie - restauration.


Au même moment à Paris, les députés ont adopté en première lecture la loi sur le partage de la valeur en entreprise. Pourra-t-elle contribuer à la résorption de ces pénuries de main-d'œuvre ? La loi impose notamment aux employeurs des entreprises de 11 à 49 salariés, ayant réalisé des bénéfices, de mettre en œuvre un dispositif de partage de la valeur. Elle instaure également l’obligation de négocier un dispositif de partage en cas de superprofit, enjeu cher à la gauche de l’hémicycle. La loi a aussi vocation à développer l’actionnariat salarié, et à leur ouvrir une plus grande proportion du capital de l’entreprise. A travers ce texte, qui transpose à l’identique l’accord national interprofessionnel signé par les partenaires sociaux, à l’exception de la CGT, le gouvernement tente de remettre les syndicats au cœur du processus politique, après leur avoir opposé une fin de non-recevoir sur le sujet des retraites. A travers ces dispositifs plus favorables aux salariés, le gouvernement peut également espérer contribuer à l’attractivité des petites entreprises.


Ainsi, alors que les rumeurs ont bruissé d’un accord avec la droite en vue d’un prochain remaniement, le gouvernement semble plutôt tenté de donner des gages à la gauche. Le mistral marseillais a même soufflé des accents mitterrandiens à Emmanuel Macron qui a lancé “nous, on met les moyens, on change la vie”.


Par Léa Trentalaud, consultante senior chez CHEFCAB



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