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  • Photo du rédacteurNicolas Citti

L'Édito "Compétences" - Semaine du 08 mai 2023

Dernière mise à jour : 12 mai 2023

Des injonctions contradictoires dans la mobilisation générale en faveur des compétences


Alerte sérieuse pour le paysage de la formation ou simple ballon d’essai ? Bruno Le Maire a semé le doute cette semaine. À l’occasion d’une intervention sur l’antenne de France Culture pour présenter son livre “Fugue Américaine”, publié aux éditions Gallimard, le Ministre de l’Économie a réaffirmé la trajectoire vers le plein-emploi que souhaite épouser le gouvernement.


Au chapitre des économies budgétaires, il a provoqué un petit séisme en évoquant la possibilité d’instaurer un reste à charge de l’ordre de 30% pour les utilisateurs du Compte personnel de formation (CPF) « sauf lorsque l’employeur paie ou que vous êtes en situation difficile, par exemple si vous êtes chômeur ». Cette mesure, inscrite dans la loi de finances pour 2023, prévoit de mettre à contribution les actifs désireux de mobiliser leurs droits à la formation.


Alors que la mobilisation du CPF a connu un véritable coup d’arrêt au cours des derniers mois, sous l’effet des mesures de régulation instaurées par la Caisse des dépôts pour lutter contre la fraude, le débat promet d’être animé dans les prochaines semaines.

Face à la levée de boucliers des professionnels du secteur, les Acteurs de la Compétence en tête, qui y voient là “un non-sens”, le cabinet de la ministre de l’Enseignement et de la Formation professionnels a tenté d’éteindre l’incendie, arguant que “rien n’était arbitré” pour l’heure, et renvoyant la décision aux discussions qui s’ouvrent entre les partenaires sociaux dans le cadre du Pacte sur la vie au travail. Les organisations syndicales ont déjà fait savoir qu’elles étaient unanimement opposées à une telle mesure. Alors que la mobilisation du CPF a connu un véritable coup d’arrêt au cours des derniers mois, sous l’effet des mesures de régulation instaurées par la Caisse des dépôts pour lutter contre la fraude, le débat promet d’être animé dans les prochaines semaines.


Si le Ministre de l'Économie nous a proposé une belle escapade dans le New York des années 1950 dans son dernier roman, la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, a invité quant à elle cette semaine les États-membres de l’Union européenne à unir leurs forces à l’occasion de l’année européenne des compétences. Lancée ce mardi 9 mai 2023, lors d’un événement organisé à la Cité des métiers de Bruxelles, cette dernière a rappelé que « le monde était en pleine transformation technologique et écologique » avec à la clé “des nouveaux emplois, de nouvelles façons de travailler, dont nous n’avions pas connaissance encore hier”. Dans l’Hexagone, c’est Gilles Gateau, directeur général de l’APEC et président du Haut Conseil du dialogue social, qui a été désigné pour piloter ce chantier, épaulé dans cette tâche par Marianne de Brunhoff, du Secrétariat général des ministères sociaux.


Emmanuel Macron a annoncé hier lors d’un événement à l’Elysée dédié la réindustrialisation la mobilisation de 700 millions d’euros “pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme”.

Alors que l’Europe met à l’honneur les compétences en 2023, la France fait toujours face à des tensions de recrutement inédites et à l’enjeu de former massivement aux compétences d’avenir. Afin d’engager le pays dans ce chantier majeur pour la souveraineté du pays, Emmanuel Macron a annoncé hier lors d’un événement à l’Elysée dédié la réindustrialisation la mobilisation de 700 millions d’euros “pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme”. Le Président de la République veut ainsi mettre les bouchées doubles pour que la formation soit accessible “au plus près des étudiants, notamment dans des plus petites villes et dans les métiers en tension".


Enfin, alors que Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’Emploi, a présenté il y a trois semaines le rapport sur la préfiguration de l’opérateur public France Travail, l’avant-projet de loi "pour une nouvelle société du travail et de l’emploi" dessine les contours du nouveau service public de l’emploi.


Trois principales mesures ressortent du texte, avec en premier lieu, “un accompagnement plus personnalisé des demandeurs d’emploi dans le cadre d’un contrat d’engagement unifié et d’un régime de droits et devoirs rénové". L’avant projet de loi introduit également “un renforcement des missions des acteurs au service du plein-emploi grâce à une organisation rénovée et une coordination plus efficiente", qui devrait se manifester par une définition des acteurs intervenants aux côtés de France Travail, ainsi qu’une clarification apportée à la compétence de l’État et de France Travail en matière de formation des demandeurs d’emploi. Le Gouvernement table également sur une plus grande personnalisation de l’accompagnement en faveur des personnes en situation de handicap, afin de favoriser leur accès à l’emploi.


Examiné au Sénat d’ici la fin du mois de juillet, le texte devrait ensuite passer sous les fourches caudines de l’Assemblée nationale juste après la trêve estivale.


Après un printemps social mouvementé, l’été sera placé sous le signe des compétences.


Par Alexandra Gaboriau, consultante chez ChefCab

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