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  • Photo du rédacteurNicolas Citti

L'Édito "Compétences" - Semaine du 01 mai 2023

L’exécutif s’attaque au chantier du lycée professionnel

Il l’avait annoncé en septembre lors d’un déplacement dans un lycée professionnel des Sables d’Olonne, il l’a confirmé ce jeudi au milieu des lycéens et des enseignants (et de quelques bruits de casseroles) du lycée technique Bernard-Palissy de Saintes : Emmanuel Macron souhaite mobiliser une enveloppe d’un milliard d’euros pour les lycées professionnels à travers une réforme qu’il qualifie de “cause nationale”.


Celle-ci est effectivement un axe majeur du chantier confié à la ministre en charge de l’enseignement et de la formation professionnels, Carole Grandjean, qui pilote la construction de cette réforme. Emmanuel Macron et Élisabeth Borne étaient attendus sur ce sujet, après l’avoir spécifiquement abordé lors de leurs dernières déclarations respectives. La réforme du lycée professionnelle est ainsi inscrite noir sur blanc dans la feuille de route de la Première ministre, pour une entrée en vigueur après l’été d’un texte qui devrait être examiné cet été au Parlement.


(..) le Président de la République a notamment annoncé jeudi l’instauration d’une gratification pour les périodes de formation en milieu professionnel, et ce dès le mois de septembre.

Reprenant ce qui a fait le succès de la filière apprentissage auprès des jeunes, le Président de la République a notamment annoncé jeudi l’instauration d’une gratification pour les périodes de formation en milieu professionnel, et ce dès le mois de septembre. Une “mesure de justice et de mérite” qui sera prise en charge par l’État, afin que le travail réalisé par les jeunes en entreprise soit davantage reconnu. Un moyen, par ailleurs, de doper l’attractivité du lycée professionnel notamment auprès des jeunes issus des milieux sociaux les moins favorisés.


(..) recentrer l’offre de formation des lycées professionnels vers les secteurs qui recrutent ou qui recruteront à l’avenir.

D’autre part, la réforme entend s’attaquer à la carte des formations, avec la suppression de certaines filières. Cette mesure, annoncée depuis quelques mois par l’entourage de la ministre Carole Grandjean, répond à l’objectif du gouvernement de recentrer l’offre de formation des lycées professionnels vers les secteurs qui recrutent ou qui recruteront à l’avenir. Prenant un soin tout particulier à ne pas vouloir imposer depuis le Palais de l’Elysée la liste des formations qui seront amenées à disparaître, pour cause de taux d’insertion dans l’emploi insatisfaisants, l’exécutif renvoie la décision aux acteurs locaux et à de nouveaux “conseils de la refondation”, qui réuniront représentants de l’État et des branches professionnelles, élus locaux et établissements. En revanche, s’agissant des filières à maintenir ou à créer, l’Élysée semble avoir déjà quelques idées en tête : ferroviaire, aéronautique, professions agricoles, nucléaire, développement durable ou numérique ont été citées par Emmanuel Macron.


Si ces annonces du président de la République ont concentré, jeudi, l’attention médiatique sur la Charente-Maritime, cela ne doit pas détourner notre regard d’une intervention plus discrète mais non moins importante du ministre du Travail devant les députés de la commission des affaires sociales. Accompagné de Thibaut Guilluy, l’autre “Monsieur France Travail” du gouvernement, Olivier Dussopt a répondu aux questions des parlementaires sur le futur projet de loi Plein emploi, distillant au passage quelques informations sur les investissements futurs de l’État pour la formation professionnelle.


(..) le prochain PIC devra s’ouvrir à des niveaux de qualification plus élevés qu’aujourd’hui, pour toucher un public Bac+2 là où le PIC actuel se concentre sur un public de niveau BAC.

Le ministre est ainsi revenu sur la confirmation de la Première ministre de la prolongation du Plan d’Investissement dans les Compétences en 2024. Alors que dans son rapport, Thibaut Guilluy préconise de reconduire ce plan aux côtés des régions avec un niveau d’effort équivalent à celui du précédent quinquennat, à savoir une enveloppe de l’ordre de 2,5 milliards d’euros par an, Olivier Dussopt précise que le prochain PIC devra s’ouvrir à des niveaux de qualification plus élevés qu’aujourd’hui, pour toucher un public Bac+2 là où le PIC actuel se concentre sur un public de niveau BAC.


Pendant que l’exécutif investit ces différents canaux, médiatiques et législatifs, pour détailler son agenda social des prochaines semaines, patronat et syndicats sont en pleine séquence “je t’aime moi non plus” pour tenter de conserver une forme d’unité à l’approche des concertations voulues par le gouvernement. Si Serge Gainsbourg et Jane Birkin ont, eux, filé le grand amour, l’appel du pied du Medef, de la CPME et U2P vers les représentants syndicaux n’ouvre pas encore la voie à une relation de long terme. En revanche, ce courrier signé par les trois organisations illustre la période particulière que notre pays traverse, où le patronat appelle les syndicats à se “réunir dès que possible” pour discuter méthode et agenda de négociation commun. L’objectif affiché est de maintenir l’exécutif à distance et de ne pas se laisser imposer un rythme de travail. Pour cela, il faudra que les partenaires sociaux naviguent sous un même pavillon, en mer calme.


Par Corentin Dattin, Consultant Senior chez ChefCab

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