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Emmanuel Carli : "Nous sommes à la veille d’une transformation sociétale majeure"

Dernière mise à jour : 19 mai 2020







Spécialiste de la formation au numérique et à l’informatique, Emmanuel Carli, Directeur général d’Epitech, nous livre son regard sur les mesures prises par l’école pour faire face à la crise du coronavirus. Il s’exprime aussi en tant qu’observateur, conscient des profonds changements que cette crise porte en germe.


Dans le contexte de confinement actuel, l’école Epitech a été à l’origine d’une initiative pour venir en aide aux entreprises dans leur transition vers le télétravail. Comment est née cette idée, est-ce que beaucoup d’entreprises vous ont contacté, et qu’en attendez-vous pour vos étudiants ? 


L’idée est née le soir où le Président de la République a décrété le confinement généralisé. Avec mon équipe, nous avons pris conscience que le télétravail allait constituer un enjeu gigantesque pour les entreprises qui ne sont pas habituées à travailler à distance.


Grâce à notre réseau qui compte 12 sites en France métropolitaine et un à La Réunion, et avec le concours de nos collaborateurs et de nos étudiants, nous avions la possibilité de soutenir ceux qui se retrouvent en difficulté en les conseillant sur les façons de travailler à distance, et surtout en leur permettant de continuer leur activité. Nous avons ainsi lancé notre dispositif : 13 adresses mails de contact, une pour chacune de nos écoles : urgences-télétravail-nom de la ville@epitech.eu.


Aujourd'hui, ce sont 35 entreprises qui nous ont sollicités, principalement des TPE et des PME, mais également une collectivité locale, un théâtre... Elles ont des questions très diverses portant sur les solutions de télétravail existantes, mais aussi des questions purement techniques liées à l’informatique. On fait un peu office de hotline. 


Beaucoup d’observateurs ont fait écho la semaine dernière d’une possible surcharge des réseaux, les opérateurs téléphoniques ont à ce propos appelé à une “responsabilité numérique”. Comment réguler ces utilisations massives et simultanées des réseaux, sans pour autant limiter voire priver les usagers ?


Ce qu’on vit, cette surcharge des réseaux, peut être comparée à ce que vivent les hôpitaux : la maladie tombe au même moment pour tous, ce qui conduit nos établissements de soin à être débordés. À l’heure actuelle, des millions de personnes doivent travailler depuis leur domicile, en utilisant les seuls moyens de connexion qui sont la téléphonie, la voix, la data et les réseaux. C’est un use-case qui est énorme.


Globalement, les infrastructures sont conditionnées pour supporter des pics de charge, mais c’est vrai qu’il peut y avoir une inquiétude à tenir ce flux. Donc la responsabilité numérique, c’est comme celle qui consiste à rester chez soi ; il faut restreindre sa consommation de données pour continuer à travailler et permettre aux réseaux de soutenir la charge. Or ce qui consomme le plus de données c’est l’image. C’est pourquoi, chez Epitech, nous limitons grandement l'usage de la caméra lors de nos visioconférences.


Cette crise interroge notre modèle de société, l’organisation de notre économie et de nos rapports sociaux. Quel rôle le numérique doit-il jouer pour façonner la France post-coronavirus ? 


Globalement, le sujet de fond, c’est la problématique des flux. Aujourd’hui, le Covid 19 se développe parce que les flux humains sont tellement énormes qu’ils ont rendu cette crise incontrôlable. Les flux de marchandises le sont tout autant, si bien que l’on rencontre des problèmes d’approvisionnement en France, par exemple sur les masques.  Comme le disait Stephen Covey dans son ouvrage Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent, pour être interdépendant, il faut d'abord être indépendant. Cette crise du Covid va nous pousser à réfléchir à cette question.


Il va donc falloir recentrer ces flux et rééquilibrer nos modes de vie : aller moins loin, produire local, et faire en sorte que les gens acceptent de vivre là où ils sont. Il n’est peut-être pas indispensable de prendre un avion pour aller à New York juste pour visiter un musée ; si on fait le lien avec le digital, peut être que demain on se contentera de faire des expériences en VR dans un musée new-yorkais. Ces questions en arrivent toujours au même point : le flux. 


Ce qu’on vit là est historique, et ce qui va suivre le sera tout autant. Car nous sommes à la veille d’une transformation sociétale majeure au cours de laquelle le digital peut nous permettre d’optimiser les flux et nous aider à trouver des nouvelles façons de faire et étendre notre intelligence.

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