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  • Photo du rédacteurArthur Pierre

Yves Hinnekint : “Chez Talis, nous sommes le mini Pôle emploi de l’alternance”

Dernière mise à jour : 29 janv. 2020



Engagé de la première heure dans la promotion de l'alternance, Yves Hinnekint nous dévoile ses priorités à la tête de Talis Business School, et décrypte les évolutions en cours dans le paysage de la formation.


Vous venez de prendre vos fonctions de directeur général du Groupe Talis Business School, dans quelle mesure votre expérience au sein d’un OPCA influencera-t-elle votre rôle de direction d’une école ?


Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir changé de métier. Je suis passé d’une activité axée sur le financement de la formation professionnelle, à un versant plus pédagogique, au sein du groupe Talis. Nos écoles se situent sur différents campus : Bergerac, Périgueux, Bayonne, Bordeaux, et Paris. C’est un groupe avec un fort ancrage territorial, misant sur une relation de proximité avec les entreprises. Sur l’ensemble de nos formations, qui vont du BTS au Master, la totalité sont financées par l’alternance : c’est une réelle opportunité pour nos étudiants. C’est en cela que mes nouvelles fonctions rejoignent totalement l’activité que j’exerçais chez Opcalia, puisqu’il s’agissait déjà d’y valoriser l’alternance comme voie d’accès privilégiée à la formation.


La dernière réforme de 2014 avait amené les OPCA à s’intéresser de très près à la mécanique de la taxe d’apprentissage. Ce faisant, nous avions noué des relations fortes avec les organismes de formation et les CFA, et cela a rendu la transition plus facile. Certes, c’est une approche très différente, et les sujets bougent beaucoup… En son temps, la taxe d’apprentissage était versée directement aux écoles et CFA, demain, le financement sera collecté par l’URSSAF, puis transféré de nouveau aux opérateurs de compétences via France Compétences… Donc les choses changent, il faut simplement s’adapter.


Quels seront vos priorités et objectifs pour Talis Business School ?


Notre objectif principal est de continuer à améliorer le placement des jeunes dans les entreprises. Nous disposons de centres d’appels internes et d’une connaissance poussée de nos entreprises adhérentes. J’ai trop connu, lorsque je travaillais pour Opcalia, des cas de jeunes ayant trouvé un organisme de formation mais aucune place au sein d’une entreprise. Pour remédier à cela, chez Talis, nous disposons d’une équipe de dix personnes qui font chaque année du placement. On est un peu le mini Pôle emploi de l’alternance, et nous avons vocation à continuer. C’est un enjeu essentiel, notamment pour certains étudiants comme ceux du groupe AKOR, qui fait partie de Talis, au sein duquel il nous faut placer 1200 jeunes issus de tous les arrondissements parisiens et de tous les départements de la grande couronne.


Le deuxième sujet, c’est l’accompagnement des entreprises qui veulent se créer un CFA. Les entreprises ont de plus en plus besoin d’une culture corporate, et nous souhaitons leur servir de support pédagogique. Nous disposons d’un savoir-faire, et nous souhaitons le mettre à leur disposition.


Enfin, il y a toutes les innovations pédagogiques. J’ai pris mes fonctions en pleine période de grèves et il nous a fallu trouver des solutions pour les étudiants. Ce que nous avons fait, c’est de la pédagogie inversée et du télétravail. Nous avons inventé la télé-alternance, pour des jeunes qui demain, seront amenés à faire du télétravail. Là, il y a des choses à faire…


"L'alternance est un formidable support d'ascenseur social".

Aujourd’hui, l’immense majorité des étudiants de Talis sont en alternance. Pourquoi l’école a-t-elle choisi de privilégier ce type de formation ?


Cela est lié à la personnalité de l’ancien président, qui ne souhaitait pas que les études supérieures soient payantes. C’est une vision que je partage. L’alternance est un formidable support d'ascenseur social. Nous ne sommes pas tous égaux devant la pédagogie, et nous ne sommes pas tous égaux économiquement. L’alternance rend les choses plus égalitaires, puisqu’elle permet de faire financer les études des jeunes par leur entreprise.


À ce titre, il nous incombe une réelle responsabilité d’accompagnement des jeunes, afin de les aider à s’orienter, à trouver la voie qui leur correspond et qui leur permettra d’avoir un accès rapide à un métier stable. Cela rejoint ce que nous avons fait avec Walt. Nous faisons certes de l’orientation dans les écoles ou les CFA, mais il y a un vrai enjeu, plus national, à mieux orienter les jeunes dans leurs choix de formations.


Puisque vous évoquez Walt, dont vous êtes le président, comment la plateforme aborde-t-elle l’année 2020 ?


Walt, à l’origine c’est une aventure amicale, où collectivement chacun a mis la main à la poche pour financer une plateforme d’orientation sur les métiers de valorisation. Nous avons créé un chatbot qui répond à 90% des questions que peut se poser un jeune en terme d’orientation, et qui propose des métiers selon le profil, les formations pour y accéder, et éventuellement le ou les CFA de la région qui peuvent y apporter une réponse. Elle a bien marché, à tel point que nous avons décidé de créer une association dont j’ai pris la présidence pendant les deux premières années. L’enjeu principal était de valoriser l’alternance pour les jeunes, et de faire de la pédagogie sur les différents métiers que recouvre une même filière. Globalement, c’est une réussite : le site compte près de deux cent mille visites, nous accompagnons plus de trente mille jeunes, et nous référençons environ vingt-deux mille offres d’emplois. Nous sommes bien partis mais ce sont des chiffres qu’il faut encore faire progresser. Nous voulons en faire la plateforme incontournable de l’alternance.


"La voie de l'alternance devient de plus en plus attractive pour les avantages qu'elle combine".

Le nombre d’apprentis en France n’a jamais été aussi élevé. Au premier semestre 2019, 458 000 jeunes étaient en apprentissage, soit une hausse de 8,4% en un an. Comment expliquez vous cette dynamique et quels sont les freins qu’il faut encore lever ?


Effectivement, nous avons comptabilisé une hausse d’à peu près 9% du nombres d’apprentis. Il y a eu une augmentation plutôt stable, mais il faut bien vérifier qu’il n’y ait pas eu un transfert des contrats de professionnalisation vers les contrats d’apprentissage. Mais globalement, ce sont des signaux positifs. Cela est dû au travail qui a été fait pour clarifier le financement de l’apprentissage. Lorsque les régions avaient la main, il pouvait y avoir une énorme différence de prix pour une même formation selon sa localisation. Le travail fait par France Compétences a été remarquable puisque la formalisation des coûts contrats a permis d’encadrer le prix des formations par une fourchette prédéterminée. Par ailleurs, les écoles se mettent de plus en plus à avoir recours au contrat d’apprentissage, et le CFA d’entreprise commence à se démocratiser.


Au-delà de cette simplification administrative, la voie de l’alternance devient de plus en plus attractive pour les avantages qu’elle combine. C’est une voie qui permet de faire financer sa formation par l’entreprise via son opérateur de compétences, de percevoir une rémunération, d’acquérir une réelle expérience professionnelle, le tout en suivant un enseignement scolaire de qualité. Au niveau du recrutement, cela fait une sacrée différence, puisque dans les six mois suivants la fin du contrat en alternance, 70% des jeunes trouvent un emploi stable et durable.


Il reste tout de même quelques freins. Certaines personnes perçoivent encore l’alternance comme ce qu’elle était il y a une trentaine d’années. Il y a un réel travail de pédagogie à faire sur ce plan-là. Il y a également d’autres problématiques, notamment sur l’accompagnement du jeune dans sa mobilité, puisqu’il faut parfois lui trouver un logement, éventuellement lui payer son permis de conduire… Si je prends l’exemple de l’Ile-de-France, une mutuelle réfléchit actuellement à la constitution d’un réseau de retraités qui pourraient mettre des chambres à disposition de jeunes alternants qui viendraient sur Paris. Donc il reste encore des freins, mais il y a des solutions pour les lever.

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